Cassons la VOIX SANS ISSUE

On a tous besoin de s'exprimer et d'être entendu. Jusque là, on est tous d'accord?

Nous le faisons chacun à notre sauce, d'une manière différente en fonction de notre vécu, de nos origines ou encore de notre éducation. Beaucoup de choses rentrent en ligne de compte. Notre milieu social conditionne bien entendu notre vocabulaire (plus ou moins soutenu), mais ce n'est pas tout! Notre manière de nous exprimer (et là je ne parle pas de la simple politesse) dépend de bien d'autres choses: sans notre passé, qui est propre à chacun, nous ne serions pas ce que nous sommes.

Dans le domaine de la communication, nous ne recevons pas tous les mêmes messages de notre entourage. Certains ont eu des parents qui les empêchaient d'exprimer leurs propres besoins. Si bien que je connais des adultes qui ont encore du mal à exprimer des besoins voire à se les avouer à eux-mêmes: ils ont tellement été habitués à ce qu'on ne leur demande pas leur avis (ou à ce qu'on leur dise clairement que leur avis ne comptait pas) qu'ils ont finalement du mal à en avoir un! Il arrive même que cela ne les dérange pas puisque, quand on ne connaît pas autre chose (un autre mode de fonctionnement), on se contente de ce qu'on a.

Et puis il y a le cas inverse : ceux qui veulent toujours donner leur avis et qui s'y prennent plus ou moins bien.

Dans tous les cas, nos AVIS (qu'on ose les avouer ou non) sont le reflet de nos BESOINS.

On oublie souvent (serait-ce vraiment un "oubli"??) de s'intéresser aux besoins des autres. On le fait quand même spontanément quand on tient la porte à celui qui nous suit ou quand on aide une maman (les papas sont assez forts, alors pas besoin d'aide!   ) à porter sa poussette jusqu'en haut des escaliers. Mais dans nos conversations de tous les jours (et surtout au boulot) on oublie que nos besoins ne sont pas forcément ceux du voisin. Là je suppose que cette affirmation , assez simplement résumée, vous paraît évident? Et pourtant! Il faudrait se le rappeler régulièrement pour comprendre certaines incompréhensions.

Derrière nos réactions parfois excessives se cachent des besoins. Malheureusement il est rare qu'on dise à quelqu'un : "j'ai besoin que tu reconnaisses mon travail à sa juste valeur, bla bla bla".

C'est pour ça que les conversations dans le boulot (ou ailleurs) partent parfois en cacahuètes! Chacun râle après quelque chose ou quelqu'un  parce que le monde du travail (à l'école c'est pareil d'ailleurs!) ne prend pas en compte nos besoins individuels. Dans un monde de bisounours, on pourrait chacun travailler à notre rythme et on nous demanderait régulièrement comment on se sent!

Les gens qui vous entourent ne sont pas dans l'empathie?? Alors à vous de leur montrer le chemin: il faut toujours un premier!

Avant de donner votre avis à quelqu'un, essayez de vous mettre (réellement) à la place de votre interlocuteur. On dit souvent que lorsqu'une femme parle (notamment à son homme), c'est seulement pour être écoutée, pour avoir une oreille attentive et bienveillante (car pour nous les femmes, cela suffit souvent à nous  aider à nous sentir mieux, magique non?!); alors que lorsque c'est un homme, il attend de son interlocuteur un avis ou une solution.

C'est le premier paramètre à prendre en compte! Mais s'il y avait que cela, ce serait (presque) trop simple....

Il faut aussi prendre l'individu entier en considération. La personne que vous avez en face est peut être plus sensible que vous, moins sûre d'elle ou peut-être traîne-t-elle unlourd passé. Vous ne savez pas forcément tout cela et c'est pour cela que je vous conseille la reformulation de ses éventuelles besoins ou attentes afin d'eviter les quiproquos (sans tout de même commencer une psychothérapie!).

Même si votre conseil est bienveillant, votre interlocuteur peut le prendre mal en fonction de son vécu. Il n'y a rien de rationnel là-dedans et vous n'y serez certainement pour rien mais c'est comme ça....

L'autre jour, j'ai assisté à une discussion qui en est le reflet:

mes enfants se plaignaient d'un problème qu'ils avaient avec un jeu video; mon cher et tendre, qui en connaît un rayon,  les a questionnés pour comprendre mieux d'où venait le problème et voir s'il pouvait leur venir en aide. Ca partait donc d'un bon sentiment. Malheureusement, mes enfants (avec l'histoire qui est la leur) ont eu l'impression qu'on leur pointait leur échec. Ils se sont donc tous les deux énervés (dans ces cas là, la solidarité marche bien entre les deux!) car ils ont eu l'impression qu'une fois encore quelqu'un pouvait réussir là où eux avaient échoué. Et cela les blessait beaucoup car ils se sentaient nuls (une personne de leur entourage les rabaisse hélas régulièrement... ce qui explique cela). Ils étaient alors sur la défensive (trop! sans aucun doute). J'essaye au quotidien de les valoriser mais ils ont malgré tout des blessures qui prendront du temps à guérir. Ils ont besoin qu'on reconnaisse leurs forces au maximum (pas leurs faiblesses).

Dans ce cas , une idée pour éviter le conflit aurait été par exemple, de leur poser une question simple AVANT de donner un avis: "Est-ce que vous voulez que j'essaye de vous aider? Peut-être que je peux regarder?"

La difficulté est souvent d'arriver à n'occuper que la place que l'autre veut bien nous laisser. En principe, lorsqu'on parle, c'est pour être entendu. Si l'autre ne nous écoute pas, c'est un échec sur le plan de la communication: donc pas d'utilité....

Si on prend en compte les besoins de l'autre, sans jugement, sans a priori, on peut s'accorder au mieux. Ce qui n'empêche pas d'exprimer ses propres besoins également, bien au contraire: si on montre à l'autre qu'on a bien entendu ses besoins, il sera d'autant + réceptif aux nôtres.

Attention: entendre les besoins de l'autre ne veut pas forcément dire qu'on puisse les assouvir. Cela veut simplement dire qu'on les a entendus. Bien souvent, cela nous suffit à tous pour être plus sereins: un besoin a plus besoin d'être entendu que d'être assouvi......

"Parler est un besoin, écouter est un talent."
(Gœthe )